Évaluation de la crédibilité financière des plateformes électorales des partis pour les élections fédérales de 2025

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Les élections sont une question de choix. Pour définir leurs positions – et éventuellement éclairer les décisions des électeurs devant l’urne – les partis politiques présentent leurs plans et leurs priorités de gouvernance dans des plateformes politiques qui, depuis trois décennies, sont au centre des discussions et des débats en période électorale au Canada. Les plateformes aident à prédire le comportement du gouvernement et à signaler les priorités des partis, et représentent un outil important pour demander des comptes à un gouvernement nouvellement élu.

Les plateformes électorales peuvent être analysées et évaluées à l’aune de plusieurs critères, allant de la pertinence de leurs orientations jusqu’à la faisabilité de leur mise en œuvre en passant par leur cohérence. La crédibilité financière des plateformes est une autre dimension que nous, à l’IFPD, jugeons d’une importance vitale. En utilisant une lentille de crédibilité financière, on peut jauger la cohérence interne du contenu des plateformes en mettant en correspondance les priorités qui y sont déclarées et les propositions d’hypothèses économiques et financières, de revenus et de dépenses.

En amont des élections de 2019, l’IFPD avait établi des principes et des critères de notation pour évaluer la crédibilité financière des plateformes politiques. Nous avons évalué les plateformes de tous les grands partis lors des élections fédérales de 2019 et 2021, et nous continuerons de le faire en 2025.

Ces évaluations visent à tester la cohérence des politiques proposées à la lumière des plans financiers et économiques, ainsi que le réalisme des hypothèses postulées. Les plateformes sont des documents politiques dont on s’attend, à ce titre, qu’elles contiennent des propositions fiables et réalistes, ce qui les distingue des budgets ou des documents gouvernementaux qui ont d’autres exigences d’exactitude, de réalisme et de transparence.

L’élection de 2025 se déroule dans un contexte historique sans précédent. Le président des États-Unis a menacé la souveraineté canadienne en exprimant à plusieurs reprises sa volonté de faire du Canada le 51e État. Les tarifs douaniers sont utilisés comme un instrument de coercition économique et politique. Une plateforme crédible doit comprend les ressources et les outils économiques et financiers nécessaires pour faire face de façon significative au glissement du contexte géopolitique et aux menaces (commerciales et autres) émanant des États-Unis. Il est impératif que les plateformes des partis reflètent la situation charnière et les retombées potentielles de cette élection et du contexte actuel.

Notre cadre de notation des plateformes comporte trois, pour évaluer :

  1. La réalisabilité et la crédibilité des projections économiques et financières : Les plateformes électorales sont réputées reposer sur une vision réaliste et crédible de l’avenir si elles postulent des hypothèses et des bases de référence communément perçues comme raisonnables et fiables puisqu’elles reflètent un équilibre des risques et proviennent de sources fiables et impartiales. Ces critères devraient inclure l’incertitude du contexte géopolitique et les menaces formulées par les États-Unis.
  2. Une gestion responsable des finances publiques : Les plateformes électorales sont jugées responsables sous l’angle de la gestion des finances publiques quand les coûts des propositions de politique sont gérés à l’intérieur de contraintes budgétaires claires et assorties de mesures de redevabilité, qui favorisent la croissance et la stabilisation de l’économie au cours du cycle économique tout en tenant compte de la viabilité à long terme des finances publiques. Ces critères devraient inclure des outils et des ressources permettant de réagir à l’évolution du contexte géopolitique et aux menaces formulées.
  3. La transparence : Une plateforme transparente fournit, au sujet des engagements qu’elle contient, suffisamment d’informations pour évaluer ses impacts sur l’économie, sur les finances publiques et sur le bien-être des individus et des familles. Cela devrait prendre en compte la mise en œuvre des propositions.

L’IFPD reconnaît que la notation des plateformes selon ces principes comporte une part de subjectivité. On trouve ci-dessous un résumé de nos critères d’évaluation (chaque sous-principe a une valeur maximum de 4 points); voir ici pour une explication détaillée de la méthode de notation.

Pour chaque critère, un parti politique pourrait obtenir une note de 0 à 4, selon le degré auquel la plateforme donne suite ou correspond au principe.

Dans cette grille d’évaluation de la crédibilité financière, une plateforme peut obtenir une note totale de 44. Un classement de premier rang nécessiterait une note de 35 (sur 44), soit 80 %. Il s’agirait là d’une bonne note, qui confirme la crédibilité financière de la plateforme et devrait donner une certaine confiance aux électeurs.

Nous sommes d’avis que les principaux partis politiques sont bien placés pour présenter, du point de vue de la crédibilité financière, des plateformes solides (de premier rang) pour l’élection fédérale de 2025. Le directeur parlementaire du budget (DPB) a reçu le mandat et les ressources nécessaires pour aider les partis politiques à élaborer leurs plateformes en chiffrant les propositions avant qu’elles ne soient rendues publiques.